Dans les couloirs, elle fait l'effet d'une ombre. On ne la voit pas passer. Peut-être est-ce qu'elle se téléporte ? Ou alors elle court tellement vite qu'on ne la distingue même pas. La secrétaire de l'étage tente de l’interpellée mais elle n'a même pas prononcé le début de son titre que Fauve est déjà à l'autre bout du couloir, lui faisant signe de la main qu'elle n'a pas le temps pour des bavardages futiles. Fauve est débordée ce soir. Son bippeur la harcèle, elle a l'impression d'être encore plus demandée qu'un ministre. Et là, c'est l'opération d'un bambin de trois ans qui a avalé pas mal de ses légos. Les enfants ne la passionnent pas, à vrai dire, elle ne les aime pas tellement mais le fait de les opérer, de les voir guérir et grandir grâce à elle, cela lui donne des ailes et l'aide à survivre. Car sans son boulot, ses heures de travail et d'opération à l'hôpital, Fauve n'est rien. Il y a bien son chat qui l'attend à son appartement mais le gentil Russe qui lui sert de voisin s'en occupe bien mieux qu'elle. Comme quoi, la jolie brune n'est pas prête d'avoir des gosses. Et elle en a bien assez toute la journée -et la nuit- à l'hôpital.
Elle est fatiguée et n'ose même pas se regarder dans un miroir l'opération une fois terminé. Elle passe tel un zombie devant la grosse horloge qui borde la cafétéria et constate qu'il est temps de déjeuné et avaler un bout puisqu'elle n'a pas mangé depuis la veille midi. Seule, elle prend un café, lit les nouvelles du jours en trempant son croissant et finit par s'assoupir quelques minutes sur la table qu'elle occupe. Le carillon qui annonce l'heure pile la réveille quelques instants plus tard et elle se relève tel un fantôme. Aujourd'hui n'est certainement pas son jour, surtout pas le jour de croiser la route de ses résident, notamment un dont elle n'a même pas envie de penser le nom. Elle termine son croissant et grimace en avalant son café qui a refroidit depuis. Cela lui apprendra de vouloir se prendre pour un super-héros à vouloir sauver le monde entier en une nuit. Alors qu'elle déambule un peu plus réveillée dans le couloir, son regard croise celui de truc-dont-on-ne-doit-pas-penser-le-nom à savoir son résident préféré, Luis. Il l'énerve déjà avec son sourire en coin. Elle sait pertinemment qu'en arrivant près de lui elle aura droit à une remarque de sa part et ses nerfs se foutent déjà en boule. Elle continue tout de même son chemin, relevant la tête mais de toute manière vu la fatigue accumulée, même en se tenant droite elle aura l'air d'un zombie. Sa remarque ne se fait pas prier. « Dr. Connor ! Vous êtes ravissante ! Comme toujours ! » Elle lui offre un magnifique sourire hypocrite, ceux dont elle use avec lui et lui rétorque sur un ton sec. « Garde ta salive pour draguer les autres résidentes. » Elle soupire, replace une de ses mèches de cheveux derrière son oreille et jette un œil au dossier que Luis est en train de remplir. « C'est quoi ça ? » dit-elle avec désinvolture. Sûrement un truc qu'elle lui a donné à faire et dont elle ne se souvient plus. Qu'importe, elle reste planté là et le lui prend des mains. « Je vais le finir, va donc vider les corbeilles dans la salle des couveuses. Ça ne devrait pas te poser problème, l'odeur est ancrée en toi. » Non, Fauve n'est pas de mauvaise humeur aujourd'hui.