« C’est très spectaculaire car il y a beaucoup de vaisseaux sanguins dans le cuir chevelu, mais il va très bien. Quelques points de suture et il sera sur pieds ! » Phoebe sourit à l’infirmière scolaire qui la regardait avec un air inquiet. « Vous êtes sûre ? » « Oui, et je suis sûre que tu n’as déjà plus mal, je me trompe ? » Elle se tourna vers le petit garçon qui la regardait alors qu’il tenait une compresse pressée sur son front ensanglanté. Il secoua la tête. « C’est bien. » Elle se tourna de nouveau vers l’infirmière alors qu’elle venait de tirer un chariot de suture vers elle et qu’elle s’asseyait sur un tabouret. « Rappelez-moi comment ça s’est passé déjà ? » Elle retira la compresse du front de l’enfant et commença à nettoyer la plaie ; « eh bien, il jouait, et l’institutrice m’a dit qu’il est tombé du haut du toboggan. » « Tous les enfants se blessent en jouant. » « Oui, mais on a des consignes très strictes pour le surveiller. » Phoebe tourna son regard vers elle avec un sourire compréhensif. « Tous les enfants ont besoin de surveillance. » Elle insista sur le « tous », laissant ses mots faire son effet avant de se préparer à recoudre son patient. « Ca va piquer un peu mais tu es courageux, pas vrai ? » « Oui madame, très très courageux. » Patiemment, elle commença ses points de suture sur le petit Lucas, un garçon de sept ans que l’infirmière d’une école lui avait amené, complètement en panique. Il ne s’agissait en somme que d’une petite blessure superficielle, impressionnante, certes, mais pas très grave. Elle voyait des parents ou des surveillants arriver tous les jours en croyant que leur enfant allait mourir. En fait, ces petites choses étaient souvent très résistantes mais il semblait qu’avec le vingt-et-unième siècle plus personne ne pouvait voir une goutte de sang sans perdre ses moyens, ou à l’inverse, ne pouvait ranger ses antalgiques sur une étagère assez haute pour que des bambins ne l’atteignent pas…

« Vous avez contacté ses parents ? Nous pouvons le faire ici sinon. » Elle glissa un regard vers l’infirmière qui se tordait les mains d’angoisse. « Non en fait sa mère travaille ici. » « Ah bon ? Où ça ? » « Elle est infirmière ici. » « Eh bien dites-moi son nom, on va voir si on peut retrouver son service. » « Si ce n’est pas grave je ne veux pas la déranger. » La jeune résidente haussa un sourcil ; cette pauvre femme semblait terrifiée de la mère de cet enfant. Mais elle continua en silence, tout en discutant gaiement avec Lucas, lui demandant s’il aimait Star Wars (au vu de son tee-shirt à l’effigie de Chewbacca), quel était son personnage préféré… jusqu’à ce qu’elle finisse son dernier point et puisse enfin le libérer. « Et voilà, tu es tout réparé ! »