Quand j'ouvrai les yeux ce matin, je savais que ce serait une bonne journée. De un, j'avais passé la nuit avec une merveilleuse femme. Une belle rouquine aux yeux pétillants et au sourire éclatant. Une beauté intriguante j'irais même jusqu'à dire. Elle n'était certes plus à côté de moi, mais ça ne changeait rien au fait que j'avais vraiment pris mon pied et qu'avec toutes les consultations en clinique privée que j'avait faites ce mois-ci, un peu d'air frais m'avait fait du bien. En plus, aujourd'hui, ce serait une encore plus belle journée parce que j'étais en visite à l'hôpital. Un de mes patients s'était fracturé le coude et il avait insisté pour que ce soit moi qui l'opère. Je ne m'étais pas fait désirer très longtemps, comprendrez-vous.

En ramassant mon linge étalé un peu partout sur le sol de l'appartement que je louais à un ami, je retrouvai une carte d'employé sous mes caleçons. C'était ce beau visage qui n'était maintenant plus qu'un souvenir paradisiaque dans ma tête. Grâce à cette photo, je pouvais me rappeler chaque trait adorable de son visage. Je souris en la regardant. Puis mes yeux se décalèrent vers les inscriptions à côté de la carte. Elle était interne en urgences à l'hôpital de la ville. Putain, la coïncidence.

Je savais que je ne resterais pas seulement à l'étage des blocs opératoires aujourd'hui.

J'enfilai ma chemise, cravate, pantalons et souliers noirs et je quittai l'appartement, ma tasse à café pleine de thé dans les mains. En arrivant à l'hôpital, je constatai que ma chirurgie avait été repoussée de deux heures. Génial. Je levai les yeux au ciel en soupirant devant le tableau récapitulatif et je restai planté là un moment avant de me décider à aller manger un petit quelque chose à la cafétéria, tant qu'à attendre à l'étage à ne rien foutre.

Les portes s'ouvrirent sur une magnifique rouquine qui me disait vaguement quelque chose. Notez ici le sarcasme. Bien sûr que je la reconnaissais. J'eus un grand sourire affiché sur le visage. Un sourire à la fois content, moqueur et machiste. « Non. C'est une blague ! Tu travailles ici ? Mais quelle coïncidence ! » Quel menteur étais-je. Sa carte d'employé était dans la poche de mon pantalon. Je fis quelques pas vers l'avant afin d'entrer dans l'ascenseur à ses côtés. J'appuyai sur l'étage de la cafétéria et me postai à ses côtés, tout droit. Je tournai la tête vers elle, toujours avec ce petit sourire énervant. « Tu as le temps de venir manger quelque chose avec moi ? » Elle allait penser que parce que nous avions passé la nuit ensemble, je voulais la marier. Non, ce n'était pas du tout cela. C'était juste assez drôle de repousser ses limites.