PART I

Respiration haletante, mal à la poitrine. J'avais huit ans la première fois que je ressentis cette douleur qui allait ensuite faire partie de mon quotidien. Je m'en souviens comme si c'était hier. J'étais en plein cours de sport et notre professeur nous faisait faire des tours de terrain. J'aimais le sport, j'aimais sentir le vent fouetter ma peau lorsque je courrais. J'étais doué. Je pratiquais d'ailleurs le basketball et mon père ne cessait de me répéter que j'étais le futur Michael Jordan. "- COOPER !!!! QU'EST-CE QUE TU FOUS ?!?". Le prof de sport était réputé pour sa brusquerie et son franc parlé, mais c'était un gars bien dans le fond, le genre de gars sur qui on pouvait compter. Pourtant, il ne comprenait pas pourquoi je m'étais arrêté de courir. Ça n'était pas mon genre d'abandonner. Le problème, c'était que moi non plus je ne comprenais pas pourquoi j'avais si mal, pourquoi l'air me manquait autant, pourquoi j'avais cette impression que mon cœur allait exploser. Je respirais fort, incapable de bouger, incapable de me calmer. Les yeux rivés sur le sol, j'étais dans ma bulle, le monde extérieur ne signifiant plus rien. Je fermai alors les yeux, le plus fort possible, mes genoux venant rencontrer le sol rugueux du terrain de sport. "- Hey mon garçon, ça va ?". En un instant, le vieux prof était à mes côtés, les élèves de ma classe en cercle autours de moi. Je rouvris le regard, respirant toujours aussi difficilement, observant avec peur tous ces yeux posaient sur moi. C'était comme si j'étais le nouveau phénomène de foire, comme si ils étaient impatients de savoir la suite, ce qu'il m'arrivait...

"- OH MON DIEU JOEY, COMMENT VAS-TU ?!?". Ma mère se précipita alors dans mes bras, me serrant le plus fortement possible contre elle. Semi-allongé dans ce grand lit d’hôpital, voila quelques heures que le prof de sport avait appelé les urgences et que les médecins m'avaient examiné. J'étais resté silencieux, moi qui était pourtant si bavard. Ils m'avaient donné quelques médicaments et j'allais un peu mieux. La vérité était que j'avais eu peur, peur comme jamais auparavant je n'avais eu peur. J'avais eu bien plus peur que lorsque nous avions regardé des films d'horreur chez Alex, mon meilleur pote. Bien plus peur que lorsque qu'avec les gars, nous avions sauté du haut de la falaise. Oui, pendant un long moment, j'avais cru mourir. Le docteur était alors entré et ses paroles changèrent ma vie à jamais. "- Monsieur Cooper, Madame Cooper... Joey...", il nous salua d'un mouvement de tête tandis que mon père se redressait et ma mère posait sur lui un regard plein d'espoir. "- J'ai une mauvaise nouvelle... Mon garçon, tu es atteint d'une déficience du cœur, plus précisément au niveau d'une valve. Le sang coagule mal, c'est cela qui a fait que d'un coup, tu as cru manquer d'air... D'où cela vient ? Nous n'en savons rien, ton cœur devait être un peu plus fragile que la norme et du coup, une valve a lâché... Mais ne t'en fais pas, tu vas rester quelques temps ici et nous pourrons ensuite remplacer cette valve... Tu vas vite reprendre une vie normale Joey... je te le promets...". Je suis resté deux ans dans cet hôpital de Saint Louis, ma ville d'origine. Deux années, dures à vivre puisque mes parents, déjà très occupés par leurs travaux à responsabilité, tentaient de passer le plus souvent possible. Mais c'est à croire que mon mauvais état de santé était à l'image de leur mariage puisqu'un matin, ils m’annoncèrent qu'ils étaient sur le point de divorcer. C'était ainsi, je n'avais pas mon mot à dire. Heureusement pour moi, le personnel de l'hôpital était gentil et peu à peu, ils devinrent un peu comme ma propre famille... Deux ans plus tard, je me fis opéré et je sortis de cet hôpital, le cœur à neuf, prêt à vivre une nouvelle vie à Chicago avec ma mère.

PART II

C'est à croire que les promesses sont faites pour être brisées puisque cinq années après être sorti de cet hôpital, je commençais à ressentir de nouveau ces douleurs au niveau de la poitrine. Pourtant, je ne dis rien. Pourquoi ? Parce que nous vivions une vie paisible avec ma mère, à Chicago. Certes, je la voyais peu, elle travaillait beaucoup, mais elle était là. Mon père lui, il était resté à Saint Louis et je n'avais que très peu de nouvelles de lui. Il avait une nouvelle femme, de nouveaux enfants, une nouvelle vie dont je ne faisais parti. Et surtout, j'avais peur, peur de revivre ce que j'avais vécu durant mon enfance. J'avais peur de me retrouver à nouveau entre ces quatre murs blancs d’hôpital, je refusais de me faire enlevé ma liberté une seconde fois. J'étais heureux. J'avais mes potes, ma copine du moment, ma vie... Je n'avais rien à envier à personne. Alors je ne dis rien sur ma souffrance, tentant de me convaincre moi-même que ce n'était rien, que j'étais en bonne santé.
"- PUTAIN JO !!!!!!". Mais ça ne dura pas bien longtemps. Jusqu'au lendemain de mes seize ans. J'étais allé dormir chez Kevin, mon meilleur pote et dans la nuit, je m'étais senti mal. Je m'étais alors rendu dans la salle de bain pour me passer un peu d'eau sur le visage, mais c'était comme si mon corps ne m'obéissait plus et je m'étala de tout mon long sur le sol, mon meilleur pote me découvrant quelques minutes plus tard. J'avais l'impression d'être revenu quelques années en arrière, sur ce terrain de sport, à tenter de faire parvenir de l'air dans mes poumons. Je n'arrivais plus à respirer, j'avais mal, si mal. Non, non, je refusais de vivre ça une nouvelle fois et pourtant, je n'avais pas le choix.
Même maladie, même schéma...
"- Je suis désolée madame Jenkins...", nom de jeune fille de ma mère... ça ne présageait rien de bon..."- mais votre fils va devoir rester à l'hôpital. La valve a lâché, il doit recevoir un nouveau cœur. Celui qu'il a peut lâcher à tout moment, il est donc préférable qu'il reste sous la surveillance des médecins continuellement...". C'était encore pire que durant mon enfance. Alors, je vis la peine dans le regard de ma mère. Elle non plus ne voulait pas revivre le calvaire que nous avions vécu quelques années auparavant. Mais avions-nous le choix ? De plus, cette fois-ci, elle était toute seule, mon père n'était pas là... Alors, je me fis la promesse... la promesse de ne pas être cet enfant malade qui fait du mal à sa génitrice par le simple fait d'être cloué dans un lit d'hôpital. J'étais quelqu'un de joyeux, de jovial, quelqu'un d'un peu énervant, mais j'étais moi-même. Hôpital ou pas, il n'était pas question que je change et garder cette attitude positive qui caractérisait mon être, me permettais de prouver à ma mère que j'allais bien... oui, j'allais bien.

bienvenue !

harry styles, inculte :p